La lutte pour la paix
Angola fut la dernière colonie portugaise dans le monde à devenir indépendante. La proclamation de son indépendance, le 11 novembre 1975, donna malheureusement lieu à une guerre civile qui perdure jusqu'à présent.
Si nous faisons allusion à l'éclosion des mouvements de libération en 1961, notamment le Mouvement populaire pour la libération d'Angola (MPLA, actuellement au pouvoir), le Front national pour la libération de l'Angola (FNLA) et l'Union nationale pour l'indépendance totale d'Angola (UNITA, dirigée alors par Jonas Savimbi), l'Angola est déchiré par un conflit interne vieux de 38 ans.
Actuellement, le mouvement rebelle commandé par Savimbi est devenu un facteur de dégradation humaine en Angola, en y provoquant la faim et l'horreur.
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Agostinho Neto,
leader de la lutte de libération
en Angola |
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Parmi ces trois mouvements de libération, seul le MPLA fut reconnu en 1964 par l'Organisation de l'unite africaine (OUA) comme le seul capable de combattre le colonialisme portugais en Angola et y prendre le pouvoir. En effet, le MPLA fut le premier mouvement bien organisé et plus actif en Angola. Aussitot après que l'Angola fut déclaré indépendant, l'OUA reconnut la légalite du gouvernement de Antonio Agostinho Neto, premier président angolais, qui proclama l'indépendance angolaise, le 11 novembre 1975.
Mais, appuyés par des pays africains, notamment l'ex-Zaire actuel Congo démocratique), du temps de Mobutu Sese Seko, et certaines grandes puissances du monde, le FNLA et l'UNITA ont engagé une guerre sanglante contre le MPLA, sous prétexte de combattre l'idéologie socialiste de ce dernier.
Dictatures et puissances unies
La libération de l'Angola du joug colonial révolutionna des mouvements similaires sur le continent africain, tels que la SWAPO (Organisation du peuple du sud-ouest africain) en Namibie et l'ANC (Congres national africain) en Afrique du sud.
Les deux mouvements luttaient contre les blancs racistes sud-africains sous le régime de l'apartheid.
Une année après l'indépendance, des forces militaires venues de l'ex-Zaire et de l'Afrique du sud envahirent le territoire angolais pour soutenir le FNLA et l'UNITA. C'est alors que Neto fut appel au Cuba qui lui envoya une aide militaire et logistique dont il avait besoin.
Grâce aux cubains, le MPLA réussit, en 1976, à vaincre le FNLA, repousser l'offensive de l'ex-Zaire et à fragiliser l'UNITA.
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Des civils innocents
massacrés en 1985
à Calomboca par des
soldats de Savimbi |
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Plusieurs pays, tels que l'Iran, la France, l'Arabie Saoudite, le Maroc et, une nouvelle fois, l'ex-Zaire, se sont unis pour soutenir l'UNITA en ravitaillant ses militaires.
En 1979, l'Afrique du sud, aussitôt après la nomination de Pieter Botha, comme premier-ministre sud-africain, s'est jointe à eux pour le même objectif.
Deux ans plus tard, Ronald Reagan fut élu président des Etats-Unis d'Amérique. Celui-ci a beaucoup aidé le mouvement de Savimbi qui, à cette époque, disposait d'une force armée très forte, même si la communaute internationale savait que sa idéologie était maoiste et qu'il violait systématiquement les droits de l'homme.
Ainsi, l'UNITA a réussi à occuper arbitrairement presque trois tiers du territoire angolais.
Negociation
Agostinho Neto est décédé le 10 septembre 1979. Son successeur, Jose Eduardo Dos Santos, n'est pas parvenu d'emblée à anéantir la Résistance de l'UNITA. Des pressions de plus en plus croissantes sur les Etats-unis d'Amérique pour condamner le régime d'apartheid en Afrique du sud ont persuadé le monde que la négociation est l'unique solution pour empêcher les conflits de s'internationaliser.
C'est pourquoi, en juin 1988, l'Ile de Governador (New York) est entrée dans l'histoire. Elle avait réuni, sous la médiation des Etats-Unis, les répresentants des gouvernements d'Angola, de l'Afrique du sud et du Cuba. Le retrait des troupes cubaines et sud-africaines d'Angola fut le principal thème de la rencontre, qui préludait aux négociations entre le gouvernement angolais et l'UNITA.
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Les accords de
Gbadolite: premières
négociations pour la paix angolaise |
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De cette réunion dépendait également la définition, par l'Afrique du sud, de la date de l'indépendance de la Namibie.
Par bonheur, les soldats étrangers quittèrent l'Angola selon un calendrier préalablement établi et la Namibie devint finalement indépendante en mars 1990. Ces faits démontrent bien le rôle joué par l'Angola dans la libération namibienne et postérieurement dans la chute du régime d'apartheid en Afrique du Sud.
C'est alors que des négociations commencèrent pour résoudre les conflits internes. Pour l'Angola, les négociations avaient commencé par le sommet de France-ville (Gabon) en octobre 1988, suivi d'une réunion des huits chefs d'Etats africains à Luanda. Ces rencontres avaient crée des conditions pour que le sommet de Gbadolite (Congo democratique ou ex-Zaire), eût lieu en juin 1989.
Malgré la bonne volonté du gouvernement angolais et des huit chefs d'États d'accomplir leur mission sous la médiation de Mobutu, alors président du Zaire, la complicite du numéro un zairois avec l'UNITA a fait tourner court les mêmes accords.
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Les accords
de Bicesse, une
nouvelle preuve
de la volonté du
gouvernement
angolais d'obtenir
la paix |
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Deux ans après, les répresentants de l'UNITA et du gouvernement angolais se sont rencontrés à Bicesse (Portugal). Contrairement au sommet de Gbadolite, plusieurs tâches contenues dans les clauses de Bicesse avaient été accomplies par les deux parties en conflit, en donnant l'espoir au peuple angolais. Un calendrier fut établi pour la réalisation de premières élections démocratiques en Angola sous la supervision de l'ONU.
À cette occasion, le gouvernement et le parti d'opposition s'étaient convenus de démobiliser leurs forces armées, notamment les FAPLA, armée gouvernementale d'alors, et FALA de l'UNITA, pour former une armée unique, les Forces armees angolaises (FAA).
Les élections
Le gouvernement avait accompli ses tâches, notamment la démobilisation d'une grande partie de ses troupes, estimées à près de 400 mille hommes, et garanti la liberté à tous les partis politiques en programmant les élections présidentielles et legislatives pour novembre 1992.
Durant la campagne électorale, qui avait apporté une accalmie dans le pays, Savimbi affichait une attitude suspecte en révendiquant les attentats qu'il niait avoir perpetres auparavant et en intimidant la population. Il disait déjà qu'il admettrait pas d'autres résultats que ceux de sa victoire aux urnes.
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Les élections de 1992
annonçaient un avenir
radieux pour la
démocratisation du pays |
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Cependant, Savimbi n'a pas réussi à atteindre son objectif. Le peuple a fait confiance au MPLA. C'est pouquoi Le MPLA avait gagné les élections législatives avec 54 pour cent contre le 34 pour cent obtenus par l'UNITA. Aux présidentielles, José Eduardo Dos Santos avait tenu en échec son adversaire, soit 50 pour cent contre 40,6 de voix.
Selon les accords de Bicesse, au cas où l'un de candidats n'obtenait pas 50 pour cent les élections devraient se répéter. Mais les elections ne s'étaient plus réalisees, Savimbi ayant prétexté qu'elles étaient frauduleuses, trompant ainsi l'opinion internationale, notamment Margaret Anstee, alors réprésentante spéciale du secrètaire général de l'ONU en Angola.
Le leader de l'UNITA se retira subitement de Luanda pour élire domicile dans la province de Huambo (centre), d'où il ordonna la reprise de la guerre.
Les FAPLA étaient déjà démobilisées, les FAA en cours de formation, alors que FALA étaient encore intactes. Leurs objectifs étaient de controler completement le pays ou une grande partie de celui-ci, et, éventuellement, proclamer une république d'Angola du sud.
Résistance populaire
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La population de Luanda
armée pour combattre les troupes de Savimbi, voulant conquèrir la capitale du pays |
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Savimbi fut surpris par la résitance populaire, qui, indignée par la violation des accords de paix, a pris les armes, dans plusieurs villes du pays, pour lutter contre les forces militaires de ce dernier.
À Luanda, les affrontements furent sauvages si bien qu'en un tournemain, les rebelles en furent expulsés. Par vengeance, les bandes de Savimbi se sont multipliées pour massacrer la population civile.
Encouragées par la mobilisation populaire, les FAA ont lancé une offensive de grande envergure contre les rebelles, qui les a avancées vers la victoire finale. Mais les appels internationaux, spécialement ceux des Etats-unis d'Amérique, avaient rétenti pour amener les parties en conflit à de nouvelles négociations.
Acculé, Savimbi accepte de s'assoir à la table de négociation pour gagner encore du temps.
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Violent affrontement dans les rues de Luanda |
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Plusieurs rencontres avaient eu lieu sous les auspices de l'ONU à Namibe (Angola) en 1992, à Addis abeba (Ethiopie) entre janvier et mars de 1993, à Abidjan (Cote d'ivoire) en avril et mai 1993. Toutes ces tentatives ont été vaines. Après la reprise de contact a Namibe, l'UNITA attaqua la province de Uige. Savimbi abandonna les négociations de Addis Abeba et ordonna à ses soldats d'attaquer la province de Huambo.
Six semaines des accords de Abidjan s'étaient inutilement perdues quand l'UNITA refusa de signer un accord avec 38 points souscrit par le gouvernement. Savimbi voulait que l'ONU intervint pendant le cantonnement des FALA et des FAA. Ce qui contrariait plusieurs résolutions onusiennes, après les élections de 1992, sur le retrait des troupes de l'UNITA des zones qu'ils occupaient arbitrairement. Entre-temps la guerre s'intensifiait.
Le protocole de Lusaka
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Lusaka est le
troisième grand sommet
supervisé par les Nations
unies pour la conquête
de paix en Angola |
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Les négociations continuaient. Le 20 novembre 1994, Venâncio De Moura, alors ministre angolais des relations exterieures, et Eugénio Manuvakola, alors secrètaire général de l'UNITA, signèrent le Protocole de Lusaka, en Zambie. Ces clauses avaient repris de principaux points de Bicesse restés en suspens.
À noter que le gouvernement angolais fut reconnu, en mai 1993, par les Etats-unis d'Amérique, en la personne du président Bill Clinton. La guerre froide avait déjà terminé et le monde entier se penchait plus vers la défense des droits de l'homme.
Pour réparer les injustices commises par ses prédécesseurs, Clinton avait l'objectif de dissiper toute connotation politique de son pays avec les actes terroristes du mouvement de Savimbi.
Les angolais espérait que les nouveaux accords de paix apporterait une paix définitive. Le protocole de Lusaka contenait plusieurs points, principalement la formation d'un gouvernement de union et de réconciliation nationales, la démobilisation des forces militaires des deux parties en conflit, ainsi que la cession par l'UNITA des zones qu'elle controlait illégalement.
Malgré les efforts de la mission de l'ONU, le processus de paix n'a pas abouti aux résultats attendus. Les FAA avaient réduit le nombre de son effectif militaire jusqu'à 70 mille hommes, alors que l'UNITA refusait d'intégrer ses militaires dans l'armée unique.
En decembre 1995, les soldats de Savimbi avaient attaqué la municipalité de Soyo, située dans la province de Zaíre (littoral nord-ouest) et où se trouvent les sièges de plusieurs entreprises petrolières américaines et francaises.
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Jonas Savimbi, leader de l'UNITA |
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Gouvernement de réconciliation nationale
Pour rémedier aux impasses suscitées par l'UNITA dans la recherche de la paix, le président Dos Santos a jugé bon de former, le 09 avril 1997, le gouvernement d'unite et de reconciliation nationales (GURN). Cette résolution devrait être appliquée après la cession par l'UNITA des parcelles dont elle s'était emparée déloyalement sur le territoire national.
Dans le cadre du GURN, Les membres de l'UNITA avait pris place dans plusieurs ministères de l'exécutif angolais et occupé 70 sièges, vides depuis l'interruption du processus électoral en 1992.
En mars de 1998, ses forces avaient massacré plus de 200 civils dans la province de Malange (nord). Entre-temps, ses troupes s'entrainaient, comme l'avait atteste, en aout de 1997, la Mission d'observation de l'ONU en Angola (MONUA).
La même année, Eugénio Manuvakola, porté disparu dépuis la signature du protocole de Lusaka, réussit a s'évader de Bailundo, l'un des quartiers généraux de l'UNITA, situé dans la province de Huambo (centre). Arrivé à Luanda, Manuvakola avait déclaré avoir été détenu et torturé par son chef parce qu'il avait signé les accords sans prévoir la cession des provinces de Huambo et Bié (centre), et Benguela à l'UNITA. À la même occasion, celui-ci avait également révélé que les soldats de Savimbi se réorganisaient pour reprendre la guerre en Angola.
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Destruction de certaines villa du pays |
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Angola dit "assez"
La MONUA avait failli dans sa mission du maintien de la paix parce qu'elle ne s'apercevait pas que Savimbi se servait du cessez-le-feu pour se livrer à la contrebande des diamants et renforcer, avec ses revenus, son potentiel militaire avec des armes sophistiquées, avec l'appui des mercénaires ucraniens, Tutsi (Congolais démocratiques d'origine rwandaise) et sud-africains.
Malgré ça, le gouvernement angolais manifestait toujours sa volonte d'aller à la table de négociations en faisant des concessions.
La guerre continue jusqu'à present, les atrocités de l'UNITA contre les civils continuent. Que de bombardements, de pillages dans des villes et des trains achéminant l'aide humanitaire! Que d'assassinats et de séquestrations!
Après 40 ans de conflit, cinq angolais sur six n'ont jamais connu la paix. Le nombre de morts avoisine un million. Près de trois millions d'habitants, soit un tiers de la population totale, sont des personnes déplacées de guerre, ayant abandonné leurs zones d'origine à cause des hostilités armées.
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L'accolade historique
entre le Président José Eduardo dos Santos et le général de l'UNITA, Kamorteiro |
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